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La esanté continue à être en effervescence.
Entre science-fiction et solutions hyper pragmatiques, elle avance sur de nombreux fronts et attise beaucoup d’intérêts et de convoitises de la part de nombreux acteurs.
Les derniers chiffres d’investissements dans la esanté montrent un marché de plus en plus mature et structuré.
Après une année 2015 en stagnation (ou plus positivement en « consolidation »), les investissements repartent sur 2016 avec une répartition sur moins de projets donc toujours des investissements plus élevés.
En France aussi le marché avance mais certains deals récents ont de quoi surprendre.
Je pense notamment au marché des rendez-vous médicaux en ligne qui explose depuis 3 ans.
De nombreux concurrents, des millions d’euros levés pour une promesse qui semble relativement simple au final.
Guerre de chiffres à l’appui, chaque acteur se livre à un décompte des médecins tombés dans leur escarcelle mais ont-ils vraiment bouleversé la pratique de ceux qu’ils accompagnent ? Ou y a-t-il pour le moment de part et d’autre des effets d’opportunisme ?
Fantasme d’un ZOCDOC (le géant américain du secteur) à la française ou la promesse d’un bouleversement au sein du cabinet médical ?
Voici quelques réflexions sur un secteur autrefois chasse-gardée des éditeurs de logiciels mais sur lequel ils n’ont sûrement pas dit leur dernier mot.
MEDECINS MALGRE (AVANT) TOUT
La file d’attente chez les médecins généralistes s’allonge et ils sont de plus en plus nombreux à ne plus prendre de nouveaux patients.
La situation est la même chez de nombreux autres professionnels de santé.
Au confluent d’un besoin médical en expansion et d’une disponibilité médicale en recul, les burn-out dans cette population de médecins augmentent.
Plus d’un médecin sur deux se déclaraient au bord de l’épuisement fin 2015.
Outre le temps avec les patients le médecin a beaucoup d’autres aspects à gérer. Les chiffres de la DRESS datant de 2012 sont éloquents sur ce sujet.
Cliquer pour accéder à er797-2.pdf
Aspects administratifs, ménage du cabinet et bien sûr le secrétariat qui prend une part non négligeable de leur activité.
Cela s’est confirmé dans le récent « portrait des professionnels de santé » réalisé en 2015.
« À ces activités liées au soin s’ajoutent également les tâches de gestion et de secrétariat, qui pèsent relativement lourd dans le temps passé au cabinet (4 heures en moyenne par semaine) et sont souvent peu planifiées (Micheau et Molière, 2010). Si disposer d’un secrétariat est très fréquent pour les géné- ralistes exerçant en groupe (76 %), ce n’est le cas que d’un tiers de ceux qui exercent seuls, les autres devant assurer eux-mêmes les tâches d’accueil et de prises de rendez-vous. En 2011, près d’un quart s’occupaient eux-mêmes de leur comptabilité. On peut enfin signaler qu’un médecin sur sept (14 %) déclare effectuer lui-même l’entretien des sols des locaux, une charge non négligeable puisque environ 80 minutes par semaine y sont alors consacrées. Cette activité est plus souvent sous-traitée lorsque les médecins exercent en groupe ou ont un volume d’activité important. » Retrouvez le détail du panorama ici.
Alors une solution de RDV en ligne pour gagner du temps : pourquoi pas ?
Le but n’est pas d’avoir plus de patients mais bien de gagner du temps en évitant ces appels à faible valeur ajoutée que sont les prises de RDV sans urgence.
Certaines solutions ne visent qu’un gain facile sur le dos de la relation médecin-patient :
C’est le cas des plateformes de mise en relation avec des numéros surtaxés, d’ailleurs récemment dénoncé par 60 millions de consommateurs .
Mais que penser des plateformes « pure players » de prise de RDV en ligne ?
UBERISATION, TRIPADVISORISATION ET AUTRE TRANSFORMATION
A ce stade on peut s’interroger sur leur devenir.
Gagner du référencement pour ensuite basculer sur de la téléconsultation, du téléconseil ?
Etendre leur offre pour prendre l’ensemble des fonctionnalités de la gestion informatique du cabinet ?
En ce cas la prise de RDV n’est que le prologue d’une uberisation programmée…
Et comment réagit la demande ?
Si l’intérêt pour le patient semble évident : prise de RDV simplifiée, géolocalisation, disponibilité, mise en ligne d’avis… ces solutions permettent de simplifier la vie des patients et répondent aux nouveaux usages nés de la révolution numérique en cours.
Un quart d’entre eux disent d’ailleurs avoir expérimenté la prise de Rdv en ligne.
Pour autant, ce n’est pas une déferlante, surtout chez les médecins.
La proportion de médecins utilisateurs reste minoritaire malgré les millions d’euros investis et les centaines de commerciaux déployés.
Les médecins ont besoin de comprendre comment ces solutions s’intègrent dans leur pratique et qu’elles fassent leurs preuves pour en évaluer les bénéfices. La double gestion d’agenda qu’imposent certaines de ces solutions, le coût supplémentaire généré (50 à 100 euros par mois) et le sentiment éventuel d’être « dépossédé » de leur activité par des sociétés qui les connaissent peu…et qui offrent peu de garanties de pérennité, les rendent méfiants et dubitatifs sur l’adoption de nouveaux usages.
N’est pas ZOCDOC qui veut. Le leader du secteur aux USA est valorisé plusieurs milliards de dollars désormais. Mais le marché américain est bien différent. Aux Etats-Unis, la prise de rendez-vous est couplée à l’optimisation de la profitabilité estimée du patient, donc le médecin peut maximiser son revenu par ce type de site.
Il faut gagner du patient, remplir les carnets de rendez-vous, développer son e-reputation. Alors payer 300$ par mois n’effraie pas les médecins…
EDITEURS DE LOGICIELS : EUX AUSSI SUR LES RANGS
La France compte de nombreux éditeurs de logiciels connus et reconnus dans différents secteurs.
Une étude récente analyse le TOP 250 de ces acteurs et montre leur dynamisme, leur capacité de financement de l’innovation (autofinancement, crédit impôt recherche) et la volonté de ces acteurs à aller vers des solutions web (cloud, Saas et service internet).
Le poste de travail est fondamental pour éviter la double saisie aux professionnels de santé, tous les logiciels de gestion de cabinet intègrent déjà la fonction agenda depuis de nombreuses années.
Forts de leur expertise dans l’informatisation de centaines de milliers de professionnels de santé en Europe, des groupes d’informatique médicale proposent des solutions performantes de gestion d’agenda, associant secrétariat téléphonique et prise de rendez-vous en ligne en plus de gérer les dossiers patients.
Ces solutions sont pensées dans la continuité de l’exercice médical. Elles s’intègrent dans le logiciel médical, évitant au professionnel toute perte de temps.
Le temps médical n’est pas qu’une part de gâteau. C’est un enjeu d’accès aux soins et de qualité de la prise en charge. Numerus clausus et besoins médicaux croissants impliquent d’optimiser cette ressource précieuse, que ce soit en cabinet libéral, en centre de santé, en maison pluridisciplinaire ou en établissement hospitalier.
Partie intégrante des services aux médecins, la prise de rendez-vous en ligne est une course de fond, où les experts de la santé, positionnés sur le long terme, ont sans doute les meilleures cartes à jouer.
Mais le numérique nous a aussi appris quelque chose…c’est l’utilisateur qui décide au final !
Une belle bataille en perspective donc.