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Normandie : Les pharmacies de campagne menacées de disparition …!!!

Une officine ferme tous les trois jours en France. Avec 55 fermetures dans l’Ouest en cinq ans, doit-on craindre un désert pharmaceutique ?

55 fermetures en cinq ans dans l’Ouest

Ces cinq dernières années, 14 pharmacies ont fermé en Basse-Normandie, 20 en Bretagne, 21 en Pays de la Loire. Rien qu’en 2011, l’Ouest a perdu 17 pharmacies, quand 141 licences étaient supprimées dans toute la France. Un phénomène que l’Ordre des pharmaciens date d’une dizaine d’années. Peut-on pour autant craindre une désertification pharmaceutique ?

Surdensité dans les villes

« Pas pour le moment », répondent en chœur Agences de santé régionales (ARS) et Ordre des pharmaciens. Au contraire, la préoccupation actuelle est plutôt celle de la « surdensité » des officines, surtout en milieu urbain. L’ARS Pays de la Loire évalue à 40 le nombre d’officines en « surplus » à Nantes, 20 à Angers. Difficile de se faire une place dans ce paysage très concurrentiel. D’autant plus quand les marges des pharmaciens diminuent.

« Pour combler le déficit de la sécurité sociale, les gouvernements tapent sur le médicament. Les prix baissent, et nos marges avec. Or 80 % de notre chiffre d’affaire provient du médicament remboursé », explique André Géara, président du syndicat des pharmaciens pour la région Basse-Normandie.

Les pharmacies sont donc de moins en moins rentables. Et de plus en plus nombreuses à faire l’objet de procédures de liquidation, redressement ou de sauvegarde. Ou à fermer tout bonnement, faute de repreneur quand sonne l’heure de la retraite pour le titulaire.

Loi de répartition des officines

Afin de lutter contre cette surdensité, une loi de répartition réglemente les conditions d’installation des professionnels : l’ouverture d’une pharmacie n’est possible que dans les communes d’au moins 2 500 habitants, puis toutes les tranches de 4 500 habitants. Les créations d’officines sont ainsi bloquées depuis 2007.

3 pharmacies pour 100 km2

Mais alors quid des zones rurales, comme en Centre-Bretagne, en Sarthe ou dans l’Orne, où l’on peut parfois faire 30 kilomètres sans traverser de bourg de plus de 2 500 habitants ? De fait, on compte en France trois pharmacies pour 100 km2. C’est deux fois moins qu’en Allemagne, Italie, Royaume-Uni ou aux Pays-Bas, et cinq fois moins qu’en Belgique (15 pour 100 km2).

Et si aujourd’hui certaines de ces petites communes sont encore pourvues de pharmacies, ouvertes dans les années 1980 sur dérogation, il n’est pas sûr qu’il en soit de même demain.

Papy-boom

Car les pharmaciens, comme les médecins, vieillissent : avec 48,7 ans de moyenne d’âge en Bretagne et Basse-Normandie et 49,3 ans en Pays de la Loire, la classe des 52-56 ans est la plus représentée. Ceux qui se préparent à prendre leur retraite peinent à trouver repreneur.

Un problème qui devrait prendre de l’ampleur dans les années à venir, et que tentent d’anticiper les Agences régionales de santé. Parmi les solutions encouragées, le regroupement d’officines, qui permet à deux petites pharmacies de se rendre plus attractives à la reprise en devenant une. Autre piste pour contourner l’interdiction de création : le transfert d’officine, de la ville vers la campagne.

L’ARS encourage également les pharmaciens à intégrer les projets de Maisons ou Pôles de santé, avec leur potentiel de médecins et de clientèle. Des projets qui reposent sur l’idée d’une polarisation des services, et qui ne régleront pas la question de la disparition d’une santé de proximité. « On avait jusque-là un maillage du territoire cohérent. Le restera-t-il avec la création des maisons de santé ? », s’interroge ainsi Jean-Charles Corbel, doyen de la Faculté de pharmacie de Rennes.

Nouvelles missions, nouvelle rémunération

Lui place beaucoup d’espoir dans les nouvelles missions des pharmaciens. Pour Franck Blandamour, président de l’ordre des pharmaciens de Basse-Normandie, ces nouvelles missions de suivi des malades chroniques permettront de « déconnecter la rémunération du nombre de boîtes vendues ». Et de pallier les effets de la baisse du marché du médicament sur les rémunérations.

Ces actes devraient représenter 12,5 % de la rémunération des pharmaciens, 25 % d’ici 5 ans. Mais pour André Géara, ce nouvel apport ne compensera jamais la totalité des pertes entraînées par les baisses de prix.

Jean-Charles Corbel se veut optimiste. Si la profession, en pleine mutation, « traverse une période de flou », elle a « toujours et peut être encore davantage demain un rôle à jouer dans la santé de proximité, avec le développement des déserts médicaux ».

Cyberpharmacie

À Caen, un pharmacien a entrepris de conquérir un nouveau marché : celui d’Internet. Des patients de la France entière commandent leurs médicaments (à l’exclusion de ceux délivrés uniquement sur ordonnance) sur son site en ligne, ouvert le 14 novembre dernier. Les cyberpharmacies, voie de salut pour combler les effets de la désertification médicale tout en augmentant la rentabilité d’une officine ? Une chose est sûre, elles n’assuront jamais la fonction de lien social aujourd’hui rempli par les pharmacies de proximité.

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