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Haute Autorité de Santé – Cédric Grouchka – Éducation thérapeutique : une chance de refonder la relation soignant-soigné

Aider les pouvoirs publics à mieux décider. Aider les professionnels à mieux soigner. Aider nos concitoyens à mieux s’informer. De ces ambitions affichées par la Haute Autorité de santé pour les prochaines années la dernière n’est pas la moindre. Car derrière ce souci d’informer se profile celui de responsabiliser, avec son lot commun de réalités et de phantasmes. Réalités pour tous dans le besoin exprimé de mieux juger ce qu’on nous propose. Phantasmes pour certains de croire en une panacée pour tous les maux du système de santé. À ce titre l’éducation thérapeutique occupe une place singulière. Car elle porte en elle les ferments d’une refondation de la relation soignant-soigné.

Refondation d’une relation plus juste, tout d’abord. Plus juste parce qu’elle permet de diminuer les inégalités entre les patients. Entre ceux qui disposent des moyens et des outils intellectuels et psychologiques de compréhension et d’appréhension de leur maladie, et ceux qui n’ont pas cette chance. En s’adaptant à chacun, l’éducation thérapeutique réduit les iniquités d’aptitudes personnelles.
Plus juste aussi, parce qu’elle diminue les écarts de connaissance, ou plus précisément des savoirs, entre soignant et soigné. C’est indéniable. Et mieux vaut d’ailleurs parler à ce titre d’écart plus que d’asymétrie comme on le fait habituellement. Le but est bien de réduire les distances, pas forcément d’en contester le bien-fondé.

Refondation d’une relation plus éthique, ensuite. Parce qu’elle permet de sortir de la relation de sujétion. De passer d’une relation sujet-objet à une relation vécue dans l’intersubjectivité. D’établir un véritable espace de dialogue.
Elle rejoint d’une certaine façon l’immense réflexion de Jürgen Habermas sur son « éthique de la discussion ». En continuation de la morale kantienne, Habermas formule un principe de discussion selon lequel une « norme » n’est valide que si elle est jugée comme telle par toutes les personnes concernées, qui doivent donc toutes pouvoir prendre part à la discussion. Et qu’est-ce qu’un soin si ce n’est la « norme » du soignant et du soigné ? Tout espace de dialogue est donc intrinsèquement source de plus d’éthique.

Refondation d’une relation plus humaniste, enfin. En obligeant le soignant à se départir d’une vision du soin parfois trop techniciste, trop segmentée, trop biologiste il regagne le cœur de la médecine. Car il permet à son patient de redire « je » en parlant de ce qui le précarise le plus. Sa maladie, sa souffrance, ses peurs.

Refondation, oui. Mais à conditions.
De ne pas accepter de réduire l’éducation thérapeutique à un effet de mode. Pour que les uns ne puissent y voir un quelconque effet d’aubaine ni les autres une pierre philosophale. D’éviter l’incapacité de sa mise en œuvre par des moyens insuffisants ou inadaptés. De ne pas tolérer l’envahissement de son espace par le jeu concurrentiel de l’industrie pharmaceutique. Et surtout, de ne jamais permettre un transfert de charge morale du système de santé sur le patient contre sa volonté. La limite de la responsabilisation du patient c’est lui qui doit la fixer en acceptant d’être responsabiliser, ou non.

À ces conditions, c’est un devoir pour la Haute Autorité de santé d’accompagner une véritable refondation de la relation soignant-soigné. Refondation, qui pourrait, qui sait, finir en métamorphose.

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